Comment aborder les questions d’inégalités et de discriminations de genre à travers la pratique cinématographique ? Avec Chloé Munich et Gaëlle Rhodes, Centre Alice Guy. Une restitution proposée par YoonKyoung KIM et Elise KAZADI, étudiantes à la Sorbonne Nouvelle en Master II Cinéma : Didactique de l’image, production d’outils et art de la transmission
Le Centre Alice Guy est une association qui lutte cotre les stéréotypes de genre et milite pour la diversité à travers l'éducation aux images et aux récits. En partenariat avec Chloé Munich, artiste vidéaste et militante féministe, le Centre propose des ateliers vidéo et invite les participant·es à s'emparer de l'outil cinéma pour s'exprimer sur les discriminations. L'atelier, animé par Gaëlle Rhodes et Chloé Munich, consiste en un temps d'échange de méthodologies, de pratiques et d'expérimentation des outils mis en place avec les jeunes dans une démarche d'éducation populaire (décryptage d'images, cercle d'histoire, et projection des films réalisés avec des publics)
Le Centre Alice Guy, une association engagée dans la déconstruction des stéréotypes de genre et la promotion de la diversité. Elle y œuvre activement à travers des initiatives éducatives axées sur les images et les récits. En collaboration avec Chloé Munich, artiste vidéaste et militante féministe, l'association propose des ateliers audiovisuels, encourageant les participant·es à utiliser l'outil cinématographique comme moyen d'expression afin de sensibiliser aux enjeux liés à la lutte contre les discriminations, notamment sexistes et genrées. Cet atelier se focalise sur le partage de méthodologies, de pratiques et sur l'expérimentation des outils utilisés lors des interventions auprès des jeunes, inscrits dans une démarche d'éducation populaire (décryptage d’images, cercle d’histoires et projection des films réalisés avec des publics).
L’atelier a débuté par une brève présentation du Centre Alice Guy et de ses objectifs :
Suite à cela, le groupe a pu examiner et déconstruire les expressions sexistes présentes dans les médias français. En particulier, nous avons vu un exemple dans une publicité pour une banque où les filles sont représentées en ballerines et les garçons en joueurs de football. À partir de cela, nous avons discuté sur les expressions sexistes, en prenant le temps d'évoquer d'autres exemples qui mettaient en lumière comment le sexisme ordinaire façonne les imaginaires collectifs et s’introduit dans les images du quotidien. Par la suite, nous avons consacré un moment à la compréhension théorique des aspects liés aux discriminations sexistes et aux violences sexuelles. Nous avons ensuite pu visionner des courts métrages anti-discrimination créés par des collégien·nes. Enfin, les coordinateur·ices présent·es ont posé de nombreuses questions. La discussion a porté sur la situation financière de l'association, les modalités de recrutement des ateliers dans les écoles et les modalités de paiement, ainsi que sur les moyens concrets pour la région de contribuer financièrement. Ce fut un échange pragmatique et mutuellement bénéfique, contribuant à assurer la continuité des ateliers de l'association et a potentiellement les étendre à davantage de régions.
Après une courte pause, nous avons participé à une activité que les intervenantes ont déjà fait avec des élèves : la création d'un cercle d'histoire. Cette activité a été spécialement conçue pour sensibiliser à la discrimination de genre. En impliquant 6 à 7 membres de l'auditoire, nous avons organisé une activité collaborative où des histoires ont été créées, intégrant des personnages masculins et féminins, dans le but de dépasser les perceptions liées aux différenciations de genre.
Pour cela, nous avons reçu des papiers de quatre couleurs différentes. Chaque couleur représente une catégorie : personnage, lieu, émotion, passe-temps/passion, préoccupation. Nous sommes invité·es à écrire une idée pour chaque catégorie sur un papier de la couleur correspondante. Les participant·es sont encouragé·es à créer des personnages imaginaires ou à réinventer des personnages de fiction plutôt qu’à prendre le nom d’une personnalité ou une personne du groupe.
Après avoir rempli et soumis nos papiers, nous avons eu une séance dédiée à la création collaborative d'une histoire qui pouvait devenir la base d’un scenario. Chacun·e à notre tour, nous avons tiré un papier, énoncé à voix haute les mots qui y étaient inscrits pour que tou·tes puissent les entendre, puis nous avons immédiatement créé une phrase qui nous venait à l'esprit. Ensuite, la personne suivante tirait un autre mot et continuait la narration en reprenant la phrase précédemment énoncée par le participant précédent. À travers ce processus, nous avons élaboré une histoire surmontant des éléments de discrimination de genre autour d’un thème qui ce jour-là était lié à la pilosité. L'histoire que nous avons créée était centrée sur une protagoniste qui, ne s’étant pas épilée, redoutait de se rendre à la piscine, mais grâce au soutien d'un ami, retrouvait sa confiance en elle.
À travers cette mise en situation de l'atelier, nous avons pu constater comment les élèves engagent des discussions concrètes sur leurs vécus des inégalités de genre, en participant activement à la création de récits, et en vivant l'expérience de la concrétisation de leurs idées à travers la réalisation d’un court métrage.
L’association porte le nom Alice Guy en hommage à la première réalisatrice de fiction. Alice Guy, née en 1873 à Saint-Mandé, a réalisé des centaines de films, explorant divers genres et techniques cinématographiques. Elle a été une figure clé dans le développement du cinéma narratif. Cependant, malgré ses importantes contributions, son nom a souvent été négligé dans l'histoire du cinéma.